Tintin au Congo

Eh oui, on part dans une semaine ! On a pas mal le trac, quand même, d'autant qu'on n'a encore jamais mis un pied en Afrique ! Il paraît que c'est tout ou rien : on adore ou on déteste tout de suite... Croisons les doigts pour qu'on adore !

On vous donnera bien sûr des nouvelles régulièrement, sur le forum, mais aussi de façon plus personnelle et traditionnelle...

Comme le dit le Papy : "Faites attention si vous voulez faire un p'tit, là-bas ! Y risque d'être noir !"

Comme je suis qu'un feignant et un calendo, je vous fais la copie du mail que j'ai envoyé aujourd'hui...


C’est dimanche, alors bon dimanche, sous vos applaudissements…

Pas d’applaudissements pour demain, c’est la fucking rentrée, la luxure est finie, voilà le turbin ! Quand on pense que j’ai à peine eu le temps de voir 3 bricoles, il va déjà falloir se mettre à trimer, y a pas d’justice !

En fait de bricoles, aujourd’hui, ça a été l’hallucination complète, le premier réel contact avec l’Afrique, la première véritable sortie de la bulle occidentale si pesante et dont il est si difficile de s’extraire… Une marche, simple découverte, dans le quartier populaire de Pointe-Noire, la Cité, c’est la baffe authentique ! Je suis certain que tous ceux qui sont déjà allés en Afrique savent de quoi je parle. Pour les autres, je pense que je pourrais vous tartiner des explications pendant des heures, c’est impossible de vraiment le comprendre.

Un premier contact très cool au marché du centre : naturellement, tous les vendeurs se jettent sur toi, t’appellent « mon copain », « chef », « monsieur blanc » de tous les côtés, te proposent des fruits et légumes très chers (mais très bons) que, au bout d’un quart d’heure de négociations, on finit par obtenir au quart du prix proposé (et encore, on débute : le vrai prix, c’est encore 5 fois moins que ça !). Puis, on décide de s’enfoncer loin dans le quartier de la Cité, d’abord au milieu des commerces, petites cabanes de bric et de broc, des petits bars sympas puis des habitations (appelons-les des bidonvilles pour simplifier, mais c’est sans doute encore pire…) et là, surprise : on ne croise plus un seul Blanc, mais alors aucun, alors que dans le centre, il y a presque autant de Blancs que de Noirs ! Je suis sûr que certaines personnes sont au Congo depuis 10 ans et ne sont jamais allées là ; pourtant, s’ils savaient !!!

Chaque pas est une surprise, un émerveillement, tout n’est que découverte, on est sur la planète Mars ! Tout le monde nous dévisage (d’autant que je me promène avec deux petites nénettes plutôt pas mal !), toujours avec bienveillance, parfois avec un grand bonheur : des Blancs ici ! Quel spectacle ! Et on doit avoir l’air tellement bizarres et exotiques avec nos vêtements occidentaux, nos cheveux raides et nos coups de soleil ! Certains enfants te serrent la main, te saluent, rigolent à ton passage, on nous détaille de la tête aux pieds, on nous souhaite la bienvenue, parfois on se moque de nous… Y a pas à dire, on a fait le spectacle, rien qu’en passant par ici. On a beau essayer de se faire discrets, c’est peine perdue, et finalement c’est très agréable, malgré toutes les mises en garde de quelques expats : « Si vous y allez, faites très attention, ça craint, c’est un vrai coupe-gorge, vous risquez de tout vous faire piquer, moi je n’y vais jamais, je reste dans mon appart climatisé avec mes domestiques et blablabla… ». A aucun moment on ne s’est sentis mal ; au contraire, la gentillesse des gens nous a beaucoup touchés.

Evidemment, on n’a pas eu l’occasion de n’avoir que des visions idylliques : la misère est présente partout, où qu’on regarde, à perte de vue, mais les gens vivent, sourient, vaquent à des occupations banales ; ça grouille de vie dans tous les coins, on ne sait plus où donner de la tête… Bien sûr, c’est culpabilisant : les maisons sont tellement misérables, les tas d’ordures s’entassent partout, les enfants n’ont presque rien pour s’habiller. On se dit qu’on a sacrément foutu la merde en Afrique, nous autres, blancs-blancs dominateurs et gaspilleurs…

Voilà, on est en Afrique, cette fois c’est sûr. On l’a ressentie de partout, dans notre vision, notre cœur, nos entrailles. J’ai l’impression que je ne verrai plus jamais les choses de la même façon. Une énorme baffe, et c’est rien de le dire !

Rien de nouveau ni de joli joli à vous raconter aujourd'hui, le nez dans le boulot. C'est pas que j'ai l'intention de me tuer au travail, mais dans un premier temps, mieux vaut sauver les apparences... Donc, boulot ! Et le problème, c'est que ça veut dire : on ne voit que des collègues, et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça ne manque pas d'esprit néo-colonial parmi eux ! Pas tous heureusement, mais souvent, je suis écoeuré de voir à quel point on peut considérer la population locale comme des sous-hommes, des quasi-singes tout juste bons à balayer à coups de langue et à faire office de descente de lit ! Vivement ce week-end qu'on retourne dans la Cité et qu'on aille au contact des gens, de la vraie vie, ça me manque déjà beaucoup !

Joli week end, les amis, plutôt varié... D'abord vendredi soir, lassés d'une semaine de boulot, pas envie de cuisiner, v'la pas qu'on se met en tête de faire nos bourgeois ! On file dans un chouette resto donnant directement sur la plage et les cocotiers, ambiance Ile de la Tentation ! Moi qui ne suis pas très cocktail, voilà même que je me surprends à commander un pinacolada... Ah, siroter un cocktail face à la mer, le soir, avec de la rumba congolaise dans les oreilles et un petit souffle de vent qui vient vous raffraîchir... On ne voudrait jamais en partir ! Et puis v'la pas qu'on reconnaît le patron qui est un des nos parents d'élèves : Tania a son fils dans sa classe de 3ème (ça peut paraître surprenant quand on ne connaît pas l'ambiance, mais le milieu expat vit ici en grande partie en vase clos et finit par se retrouver à peu près aux mêmes endroits... c'est pour ça que je dis qu'on a fait nos bourgeois...). Corruption active, la patron nous présente ses enfants, vient régulièrement nous demander si on ne manque de rien et nous offre le digestif... Pratique courante, là aussi, il paraît... Quant à ses filets de dorade et ses ailerons de raie... je vous dis que ça... A Pointe Noire, il vaut mieux aimer le poisson que la barback... Même chez nous, entre hier et aujourd'hui, c'était calamars et langoustes rôties ! Bref…

Hier soir, ambiance quand même un poil plus authentique : à l’invitation d’une adorable collègue amoureuse de l’Afrique et de son copain congolais zikos, on est allés bouffer dans un p’tit boui-boui, moitié grill moitié boîte de nuit, toujours sur fond de rumba congolaise décidément très présente et ma foi fort agréable à écouter avec quelques bières locales dans le nez… Merci pour le piment d’ici, je m’en souviens encore ! Jusqu’au lendemain au réveil, si vous voyez c’que j’veux dire… Et puis… comment dire ? Sans que ce soit interprété de façon caracaturale ni que ça sonne comme du Michel Leeb, faut quand même bien reconnaître qu’ici, les gens savent bouger leur bas-ventre (ce qu’on dirait « avoiw le wythme dans la peau… »). Etonnant ! Jamais vu un seul blanc être capable de danser comme ça… Bref, très jolie ambiance où l’on se rapproche un petit peu plus de la population locale et de ses habitudes nocturnes, y compris en ce qui concerne les toilettes à l’africaine : un pissoir à ciel ouvert, simple réduit où, pour aller pisser, il faut accepter d’avoir ses chaussures baptisées par ceux qui sont passés avant toi…

To be continued…

Salut, les Européens !



C'est le week end, on devrait bien en profiter, puisqu'on a prévu au programme une sortie en voilier dimanche et ça nous fait drôlement plaisir !



Par contre, au chapitre des nouvelles pas top top, et je vous dis tout de suite de NE PAS VOUS INQUIETER, ce soir on va arroser la premier palu de Tania... Pis de panaque, on a vu le médecin, elle a un tout petit truc, elle était patraque depuis quelques jours, surtout ce matin, elle a fait des analyses, c'est positif, mais très faible, et de toute façon, depuis qu'on est là, tout le monde nous dit que tout le monde ici a le palu, que c'est parfaitement soigné mais qu'il ne faut pas le négliger, et que notre traitement prophylactique, c'est de la connerie... Première mesure, on arrête le traitement et on essaye de faire un peu gaffe aux piqûres de moustiques, et voilou... Moi je me fais moins bouffer, mais ça finira par me tomber dessus. Donc, pas de tracasseries, on prend la chose au sérieux, mais rien de grave vraiment ! Voilà, c'était surtout pour vous annoncer cette grande nouvelle, car maintenant elle va pouvoir frimer avec ça !



Demain, on va tâcher de se mettre en quête de belles étoffes pour égayer notre appartement, qui est un peu tristounet, même si on est plutôt bien installés... En plus, j'ai très envie de retourner au marché de la Cité, il y a toujours des trucs hallucinants à voir, mais dans la semaine, on n'a pas le temps car c'est assez excentré...



Dernière minute : tiens, d'ailleurs, je viens à l'instant d'apprendre qu'on nous propose un p'tit resto là-bas, on va peut-être se laisser tenter (mais Tania n'a pas trop d'appétit au cause de son palu...). Bon, on va continuer notre petit train-train de bourges expats ; après tout, on aurait tort de se priver !

Ca s'arrose, voici mes premières photos ! L'homme a enfin dompté la machine ! On ne se moque pas, SVP ! Désolé pour la qualité, je fais vraiment figure d'amateur, mais je ne peux que m'améliorer...

D'abord quelques images de la Côte Sauvage, la plage la plus proche de chez nous, à environ 300 m...









Une petite photo du club nautique, ambiance vacances et cocotiers...





Une pirogue perdue dans le port, drôle de contraste entre tradition et industrie lourde...




Le quartier Pita, tout près du centre, mais déjà très calme et sauvage...





Enfin, un petit exemplaire de la flore locale, dans mon jardin ! Et ce n'est qu'un début, la saison des pluies va commencer !

Salut la famille ! Je voulais vous faire un peu profiter des paysages qu'on a vus le week-end dernier. Après un mois passé à Pointe Noire intra muros non stop, une sortie de "cohésion" avec des collègues a permis de découvrir la nature autour d'ici... Loin d'être une expédition survie dans une jungle hostile, c'était plutôt une pépère balade familiale dans des coins à peu près aménagés et assez largement fréquentés par les blancs-blancs le dimanche... Néanmoins, je vous laisse juger sur ces photos de la baffe qu'on s'est pris en découvrant de tels paysages !

Les gorges de Diosso, réputées pour être un des plus beaux sites naturels du Congo, étrange curiosité géologique. Il paraît que dans 20 ans, ça n'existera plus, tant l'érosion due aux pluies battantes est importante ! Un côté éphémère qui rend l'endroit encore plus bouleversifiant...






Une petite Tania que j'ai trouvée passant par là...


Votre gros Juju en pleine forme et que la beauté du site laisse songeur et sans voix !


A l'intérieur des gorges, la forêt profonde...On a l'impression qu'un gros boa constricteur peut sortir à tout instant ! Pas de danger, le coin est relativement touristique, et à mon avis, quand 50 personnes piétinent le sol, le boa aura plutôt tendance à se carapater...


La sortie des gorges. Purée, c'était trop court !


La plage de Matombi, petit coin de paradis où le temps semble s'être arrêté, mais où la présence d'une grand majorité de Blancs (les Ponténégrins de chez Total en week end ! :aille: ) laisse un petit arrière-goût d'artificiel... Enfin, on ne va pas bouder son plaisir dans un endroit pareil !




Pirogue dans la baie de Matombi ; les Congolais sont de grands enfants, ils rigolent pour un rien et aiment bien faire le spectacle quand il y a des étrangers faciles à étonner... C'est encore mon cas ! Et puis, on dira ce qu'on voudra, mais ici, les gens sont beaux ! De quoi donner envie de leur tirer le portrait...


Coucher de soleil et retour aux dures réalités du dimanche soir : merde, pas préparé ma journée de demain. Bon, ben tant pis... Qu'est-ce qui est le plus important dans cette affaire ????

Vivement les sorties en brousse, qu'on aille un peu en découdre avec les boas, les gorilles et les arachnides ! Ca commence à nous démanger sérieusement, on va tâcher de s'organiser ça pour les vacances de la Toussaint... Pour l'instant, on projette de prendre le train pour Dolisie en traversant le massif du Mayome, ça promet d'être un grand spectacle !

Ici, la saison des pluies a commencé ; ce matin, il pleuvait des cordes gros comme le poing comme vache qui pisse dans un tonneau ! Pas bien grave, car on profite quand même de belles périodes ensoleillées l'après-midi, et il paraît que c'est comme ça pendant toute la saison des pluies... Pas bien terrible à supporter donc, sauf que, hors des sentiers battus, même en pleine ville, ça devient parfois dantesque pour passer à pieds secs ! Ca et les coupures d'eau et d'électricité qui deviennent plus fréquentes, ça reste de bien petits désagréments dans notre petit confort occidental.

Les ennuis, ce n'est pas nous qui les avons, mais bien les gens de la Cité... On a beau y réfléchir regulièrement, on n'arrive pas à comprendre comment les gens parviennent à survivre avec le peu qu'ils gagnent et les conditions sanitaires dans lesquelles ils vivent... Les seules choses qui semblent permettre la survie, c'est le système D et l'entraide généralisée, des choses que, vues de France, on a du mal à comprendre : le système D, c'est illégal ; l'entraide, ça n'existe plus trop chez nous... Mais quand on n'a pas la choix... Et quand on pense que le Congo a des richesses colossales avec le bois et le pétrole, mais que c'est un des pays les plus endettés au monde par habitant ; j'en profite pour encore remercier ici Total, Mr Thierry Desmarets, sans oublier Pasqua, Marchiani, Pierre Falcone et notre président (le grand qu'on est embêté avec...), sans lesquels rien n'aurait été possible...

L'autre soir, mon prof de percus - eh oui, je me suis mis au jembé (orthographe ?) - nous racontait comment il a fui les combats à Brazzaville en 1999, s'est entassé dans un train avec ses instruments, a tout laissé sur place, tout perdu et s'est retrouvé à Pointe Noire. Les mots me manquent pour décrire son récit, tellement c'était poignant ! On ne s'en est pas encore remis ! Les seules personnes qui nous avaient parlé de guerre jusqu'à présent, c'était nos grand-parents, enfin le 3ème âge quoi... Ca fait drôle quand c'est évoqué par un jeune gars de 27 ans, le copain d'une collègue amoureuse de l'Afrique, un bon pote et un super prof de zique... Ca fait vraiment drôle ! Où l'on se redit encore et toujours à quel point on est bien né !

Bon, je ne devrais pas m'étendre autant sur ces choses-là ; certes, ça fait partie de l'Afrique, mais l'Afrique, c'est bien d'autres choses, des surprises de tous les instants, des rencontres souvent brèves mais intenses et drôles, du bordel joyeux, des couleurs et des odeurs partout ; du bruit aussi, celui de la mer, celui des oiseaux, celui des discussions endiablées en mounoukoutouba au marché autour d'une botte de carottes, celui des tam-tams qui résonnent dans tous les coins, celui des klaxons à tout bout de champ dans les avenues...

Bien conscient de ne pas pouvoir vous y faire davantage participer, je vous laisse avec ces quelques images sans prétention, en espérant quand même vous avoir un peu dépaysé.

Les vacances au Congo, c'est vraiment à 2 à l'heure ! Depuis 3 jours, on se la coule douce comme c'est pas permis... Pour les amateurs de plage paradisiaque, évidemment, il y a le côté sable fin et cocotiers, mais en plus, dimanche, la plage de Matombi nous a fait la grâce de ne pas être polluée de touristes blancs-blancs, ce qui lui rendait un charme confidentiel extraordinaire... En plus, cette plage a le bon goût de ne pas ressembler aux standards style Seychelles en carte postale avec lagon et tout le tralala. Ce qui est touchant ici, c'est la simplicité et la discrétion, qualités qu'on apprécie bien davantage que le tape-à-l'oeil clinquant... Imaginez le tableau : une petite case en surplomb de la baie, brochettes et escalopes marinées sur le grill, bière et vin rouge, bruits de vagues et d'oiseaux,... De quoi mettre les plus coriaces des soucis en berne...
Comme si cela ne suffisait pas, le petit plus qui fait encore la différence, c'est le domestique du gars qui nous avait invités : ça nous a permis de ne nous occuper de strictement rien ! Ni préparation de bouffe, ni débarrassage, ni vaisselle, ce genre de petits trucs pas bien contraignants mais qu'on est finalement content de ne pas faire pour en profiter au maximum... Bref, vous l'aurez compris, c'est ce qu'on appelle une véritable condition de pacha ! Bon, honnêtement, je ne me verrais pas passer toute ma vie comme ça, mais faut dire que de temps en temps, c'est quand même assez jouissif !

Superbe cerise sur le gâteau, un coucher de soleil comme je n'en aurais même pas imaginé en rêve ! Sur une plage désormais totalement déserte, le ciel, la mer, le sable et la végétation sont passés en 10 minutes par toutes les nuances de couleur possible... Blasés, les anciens m'ont dit que des couchers de soleil comme ça, on en voit 3 par semaine ! M'en fous, ça m'a pas empêché de trouver celui-là hallucinant !

En dehors de ça, on continue de profiter au maximum du talent musical de notre prof de percus ; samedi, dans une garden-party pour blancs-blancs où on était cordialement invités, Lezin (c'est son prénom) y était aussi et a eu le bonheur de tomber sur un balafon (sorte de xylophone africain) ; il s'est mis à en jouer, d'abord avec circonspection ("tiens, cette note sonne faux",...) puis petit à petit, il est parti dans un délire d'impro, rapidement rejoint par son frangin (qui est par ailleurs conteur et devrait nous organiser une petite soirée contes africains bientôt) au jembé... Ouaaaaaaaah ! La transe absolue ! Le son du balafon a quelque chose de totalement hypnotique, l'exemple parfait de la musique qui adoucit les moeurs... Et quel zikos ! Incroyable ! Avec ce gars, les cours de percus sont réellement transcendants ! On a l'impression non seulement de jouer pour de bon dans un groupe de percus mais en plus, on a la sensation d'être utile au groupe et pas un simple figurant... Je ne sais pas comment il réussit un tel prodige. Une expérience que, une fois de plus, j'aurai du mal à vous décrire avec la précision et les détails requis...

Bref, toujours est-il qu'on est partis de la graden-party un peu fâchés contre les organisateurs car en plein milieu du délire musical, une gonzesse a braillé "Bon, c'est fini ! Maintenant, vous arrêtez la musique, et on va danser..." Et voilà qu'ils nous balancent Les démons de minuit, Début de soirée et toute la variété française dansante de merde à fond la caisse, pendant que les zikos et les spectateurs restent tout cons, ébahis de s'être fait couper la chique de cette façon ! Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'était vraiment pas correct... C'est comme être tiré d'un beau rêve par un réveil agressif, sauf que là, il y avait en plus un manque évident de respect... Enfin, ceci n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de la personnalité de plein de Français d'ici ; beaucoup ont un égo surdimensionné et se montrent souvent autoritaires en toute circonstance, en particulier avec les Congolais. Ils ont sans doute l'impression qu'ici, leur petite personne a plus de valeur qu'en France, et c'est évidemment inspiré par leur niveau de vie qui n'est en rien comparable à ce qu'ils sont en France, c'est-à-dire un parmi tous les riens du tout... Mon Dieu mon Dieu, préservez-nous de cette mentalité, ou faites qu'on s'en aille avant de devenir comme ça...

Voilà, d'ailleurs, après-demain, on risque de retrouver pas mal de collègues à Dolisie, ancienne petite ville coloniale de l'autre côté du massif du Mayombe : les vacances de la Toussaint sont trop courtes pour aller beaucoup plus loin que ça, et c'est donc la destination privilégiée des vacanciers en cette période... Il va falloir qu'on s'arrange pour en éviter le plus possible car c'est ça aussi, les vacances : s'éloigner de l'ambiance européo-centriste... En tout cas, on va prendre le train à travers le Mayombe (un train qui, paraît-il était passé dans l'émission "Des trains pas comme les autres" il y a quelques années), on nous a dit que le voyage était absolument grandiose... La Mayombe ne monte pas très haut, à peine 800 mètres, mais il y a du vrai relief, des falaises, des gorges,... et le train prend parfois des passages totalement hallucinants et improbables... Ensuite, on devrait revenir en avion, pas très cher, car il paraît que vu d'en haut, c'est génial aussi...
D'ici une semaine, je vous raconterai tout ça, et ensuite il sera temps de reprendre le boulot ! Y a pas d'justice !

Petit aperçu de nos vacances à Dolisie, ancienne ville coloniale à l'intérieur du pays, trou paumé mais quand même 3ème ville du Congo...

La forêt du Mayombe, traversée en train ; 95 km en 6 heures, mais quels paysages !




L'arbre de Brazza, grand baobab portant le nom de l'explorateur Savorgnan de Brazza qui a négocié la possession du Congo avec les chefs de tribus au XIXème siècle et dont la capitale porte le nom...




Un rameur sur le Lac Bleu, à proximité de Dolisie (un peu Tintin au Congo, cette photo, mais je la trouve très jolie...)




Une des rues principales de Dolisie ! Une couleur rouge caractéristique qui donne une vague impression de bout du monde, de bistrot de la dernière chance avant de traverser le désert (sauf que de désert point, par ici !)




Les collines de Moussemi, prolongement du massif du Mayombe, domaine de la savane et très beau point de vue sur la région...

Allez, je vous en remets quelques-unes !

La cascade du village de Sossi, pleine de légendes... Il paraîtrait que là, c'est le mâle ; la femelle se trouve en aval mais personne n'y va car le mâle est jaloux !



Juste à côté de la cascade, petite pause bien méritée : de gauche à droite, ma p'tite Tania, papa Eugène, guide du village, passionnant lorsqu'il nous raconte les légendes de sa région, et le Père Lucien, prêtre suisse installé à Dolisie depuis 15 ans et qui s'occupe avec beaucoup de dynamisme d'un centre de formation professionnelle (un gars qui, à défaut de me faire croire en Dieu, m'a au moins convaincu que les convictions religieuses peuvent réaliser de grandes choses !). Ce centre de formation, véritable centre névralgique de Dolisie, travaille en partenariat avec le village de Sossi : ils y ont construit une école et sont actuellement sur un projet de gîte qui permettra au village d'héberger les voyageurs de passage...




Entre le village et la cascade, un certain nombre de collines sacrées donnent un aspect grandiose au paysage...




Faune + flore ! Enfin, c'est dans un jardin...




De retour des collines de Moussemi, sur la piste vers Dolisie, milieu de journée, 40° bien sentis !

Je vous envoie un petit aperçu de l'hallucination qu'on s'est tapée avant-hier, jour de Noël, sur la plage, par 35° à l'ombre ! Il semble que ce soit une tortue-luth ; elle a été repêchée morte, sans doute attaquée par un requin puisqu'il lui manque sa patte arrière droite. J'aurais jamais imaginé que ça pouvait atteindre une telle taille ; ça ressemble davantage à un monstre tout droit sorti de la Préhistoire...

C'est fou ce que ça a filé vite, ces vacances, malgré un rien-foutisme absolument tenace... Purée, si j'avais pu prévoir que ça me manquerait à ce point, le froid de Noël, eh ben on serait peut-être rentrés ; et à mon avis c'est ce qu'on va faire à Noël prochain...

Bon donc, du coup, on a passé des vacances plutôt oisives, beaucoup de repos et de sommeil car mine de rien, on a beaucoup souffert de la chaleur et il fallait qu'on récupère un peu... On avait des tas de projets, du style remonter un fleuve en bateau, aller camper au fin fond de la brousse, mais finalement, moitié par fatigue moitié parce qu'on n'est pas encore assez hardis pour faire ça tout seuls, on s'est contentés de se balader dans les quartiers, d'aller un peu à la rencontre des gens et de faire les kékés sur la plage... C'est un peu embêtant quand on ne connaît pas bien car toute sortie extérieure à la ville nécessite une certaine préparation (voire une préparation certaine) : peu de routes, pas de cartes, souvent pas âme qui vive sur des kilomètres carrés, des bêtes sauvages paraît-il assez imprévisibles ; on nous dit souvent de nous méfier à cause des boas, mais on n'en a pas encore vu... Pas plus que d'arachnides, d'ailleurs, ce qui ne manque pas de me surprendre ! En plus, comme on est en pleine saison des pluies, certaines pistes sont totalement impraticables et la végétation envahit tout : tout pousse à une vitesse hallucinante ici, chaleur + humidité, logique... L'humidité de l'air, c'est vraiment affolant ici ! Papier qui se gondole, bouteilles qui suintent de condensation, et dès que tu n'as pas un peu d'air, tu te liquéfies en 20 secondes. Quand ça t'arrive au milieu d'une journée de travail, c'est pas super-agréable, quoi...

Bref, ces vacances-là nous ont surtout permis de faire un premier point sur ce qu'on a déjà vécu ici, et la conclusion triviale mais irréfutable qui en découle, c'est bordel, on est quand même dans un drôle d'endroit !!! Beaucoup de choses sont très plaisantes, beaucoup d'autres sont horripilantes, mais au moins tout est surprenant, y a jamais de routine et tant mieux ! Mais enfin, tout est vraiment bizarre ; dans plein de situations ordinaires, les repères européens ne sont d'aucune utilité, ça se passe trop différemment.

Un exemple comme ça : les gens qui rentraient de vacances en France il y a quelques jours transitaient par Brazzaville entre Paris et Pointe Noire, mais arrivés à Brazza, on leur a dit que la compagnie qui assurait la liaison avec Pointe Noire avait des problèmes (elle en a toujours, de toute façon !) : ils étaient censés monter dans un avion de 100 places puisqu'ils étaient 100 personnes. Le seul avion qu'on a pu mettre à leur disposition, c'était un avion 12 places qui a fait une dizaine de fois la navette entre Brazza et Pointe Noire ! Du coup, certaines personnes ont dû passer 2 nuits à l'hôtel et certains bagages sont arrivés 3 ou 4 jours plus tard, dommage pour ceux qui ramenaient du munster !

Bref, la liste des trucs délirants serait trop longue, il faut le voir pour le croire... C'est parfois lassant, mais souvent marrant aussi. Avec un minimum d'ouverture d'esprit, il n'y a pas grand chose d'insurmontable (quand on en a les moyens, bien sûr... Nous, on n'est évidemment pas à plaindre !)

Un petit conte congolais qu'on nous a raconté l'autre jour dans une soirée apéro-conte :

Dans un village, il y avait un jeune homme beau, fort et intelligent. Malheureusement, ce jeune homme n'avait jamais eu de chance. Toute sa vie, la malchance l'avait poursuivi et cela le désespérait. Alors un jour, il en parla à son père. Il souhaitait trouver la solution pour avoir enfin de la chance et que sa vie puisse enfin lui sourire. Son père réfléchit longuement car ce n'était pas un problème facile à résoudre. Au bout de quelques jours, il finit par lui dire :
- Mon fils, tu devrais aller là-haut sur cette grande montagne. De là-haut, demande l'aide du bon dieu, il te répondra sûrement...
Suivant ce bon conseil, le jeune homme se mit en route. Il marcha très longtemps car la montagne était très éloignée. Il dût franchir des rivières impétueuses, traverser des forêts profondes, des déserts brûlants, et encore d'autres forêts profondes.
Dans l'une de ces forêts, il tomba soudain nez à nez avec un gigantesque lion. Apeuré, il se mit à le supplier :
- Lion, par pitié, lion, ne me mange pas ! Je suis beau, fort et intelligent mais je n'ai pas de chance !
Le lion répondit :
- J'aimerais te manger mais, tel que tu me vois, je n'ai pas d'appétit... Aide-moi s'il te plaît à retrouver de l'appétit et je t'épargnerai.
Ce à quoi le jeune homme répondit :
- Je vais à la rencontre du bon dieu, là-haut sur la montagne. Peut-être pourra-t-il me dire ce que tu dois faire. Je te retrouverai à mon retour et, tu verras, j'aurai une solution pour toi !
Epargné par le lion, le jeune homme reprend alors son chemin. Quelques heures plus tard, alors qu'il approche de la montagne, il tombe nez à nez avec un arbre gigantesque qui lui barre le chemin. Le jeune homme le supplie alors :
- Arbre, je t'en prie, laisse-moi passer. Je suis beau, fort et intelligent mais je n'ai pas de chance ! Si tu m'empêches d'aller sur la montagne, tu vas briser ma vie !
L'arbre répondit :
- Je peux te céder le passage, mais regarde mes feuilles : je suis en train de me dessécher. Si tu m'aides à trouver une solution pour que je cesse de me dessécher, je te laisserai passer.
- Je vais à la rencontre du bon dieu, là-haut sur la montagne. Peut-être pourra-t-il me dire ce que tu dois faire. Je te retrouverai à mon retour et, tu verras, j'aurai une solution pour toi !
Le jeune homme reprend alors son chemin et arrive enfin au pied de la montagne. Au moment de commencer l'ascension, il aperçoit une petite cabane. Devant cette cabane se tient une très belle jeune fille en pleurs. Emu par ce spectacle, le jeune homme s'approche d'elle et lui demande les raisons de sa tristesse.
- Hélas, lui répond la jeune fille, je suis belle, jeune et intelligente, mais je suis seule. Je n'ai vraiment pas de chance...
- Moi non plus, je n'ai pas de chance, répondit le jeune homme. Mais ne t'inquiète pas ; je vais aller voir le bon dieu sur la montagne. Il m'aidera et il pourra sûrement t'aider aussi. Je te retrouverai à mon retour et, tu verras, j'aurai une solution pour toi !
Ayant laissé la jeune fille derrière lui, il arrive bientôt au sommet de la montagne. Là, il se met à implorer le bon dieu :
- Bon dieu, bon dieu, aide-moi, je t'en prie. Je suis beau, fort et intelligent mais je n'ai pas de chance !
A ce moment, il entend une voix d'outre-tombe qui lui dit :
- Tu veux vraiment avoir de la chance ? Eh bien retourne vers ton village et là, la chance te sourira !
Etonné par une solution aussi simple, le jeune homme manque d'oublier la promesse qu'il a fait au lion, à l'arbre et à la jeune fille de demander au bon dieu une solution pour eux. Le bon dieu lui dit alors :
- Dis à la jeune fille qu'elle doit simplement se trouver un mari beau, fort et intelligent. Dis à l'arbre qu'il se dessèche à cause d'un trésor enfoui près de ses racines. Dis au lion que pour retrouver l'appétit, il doit manger l'homme le plus bête qu'il ait jamais rencontré.
Enchanté que tous les problèmes trouvent une solution aussi simple, le jeune homme s'empresse de retourner vers son village où la chance l'attend. Au pied de la montagne, il retrouve la jeune fille :
- Jeune fille, j'ai la solution : tu dois épouser un mari beau, fort et intelligent !
- C'est magnifique ! Mais... ce mari, c'est toi ! Epouse-moi !
- Non non, moi je dois retourner à mon village car là-bas, la chance m'attend...
Un peu plus loin, il retrouve l'arbre :
- Arbre, j'ai la solution : il y a un trésor enterré à tes pieds. Trouve quelqu'un pour le déterrer et tu cesseras de te dessécher.
- C'est magnifique ! Mais... cette personne qui doit déterrer le trésor, c'est toi ! Ainsi tu seras riche !
- Non non, moi je dois retourner à mon village car là-bas, la chance m'attend...
Enfin, un peu plus loin, il retrouve le lion :
- Lion, j'ai la solution : pour retrouver l'appétit, tu dois manger l'homme le plus bête que tu aies jamais rencontré !
- C'est magnifique ! Mais comment as-tu fait pour savoir ça ?
- C'est simple, le bon dieu me l'a dit. Il m'a dit aussi que la belle jeune fille devait prendre un mari beau et fort et que l'arbre devait trouver quelqu'un pour déterrer le trésor à ses pieds. Mais il faut que je te laisse. Je dois retourner à mon village car là-bas, la chance m'attend.
Alors le lion se met à rire et s'exclame :
- Excuse-moi, mais je ne peux pas te laisser partir ! Tu es vraiment la personne la plus bête que j'aie jamais rencontrée ! Je vais te manger...

Voici un tout petit aperçu, grâce aux photos un peu sombres d'un copain, du concert que Muthi'Art a donné samedi dernier à Pointe Noire. C'est le groupe de mon prof de percu, qui est aussi un vrai bon pote et un musicien réellement hors du commun.

Premier concert qui m'a vraiment fait partir sur la planète Afrique ; les quelques-uns que j'avais vu avant, sans être déplaisants, continuaient de me laisser croire que la zique aficaine, c'est pas mal, mais ça va bien un moment...

Lezin (c'est son prénom et on prononce à la française, en nasalisant la fin, on ne prononce pas "Lezine"...), c'est le rasta qui tient un drôle de petit instrument à lamelles : une sanza. C'est un instrument très subtil qui joue beaucoup sur les gammes pentatoniques (comme la musique d'extrême-orient). Il en joue génialement bien, ainsi que du balafon (xylo en roseau avec des caisses de résonnance), mais c'est avant tout un percussionniste : il joue de tout au tam-tam avec une facilité ahurissante...

Bref, excellent concert, et avec quelques potes, on a même eu le privilège d'y participer : 5 minutes de percu en intermède du spectacle...

Pour continuer à nous comporter comme des bobos décomplexés (vous allez voir que bientôt, on risque même de voter Ségolène ; enfin, pas au 1er tour, Dieu m'en garde...), notre dernier achat en date, c'est un adorable petit joujou : une Nissan Patrol !

Ca faisait un an et demi qu'on était pas motorisés, et ça commençait à devenir pénible, surtout le week end pour sortir de la ville. Là, non seulement on va pouvoir aller à la plage plus loin, mais en plus, on devrait pouvoir s'aventurer sur les pistes défoncées de l'intérieur de pays sans risquer de rester plantés dans le premier trou d'eau venu... Comme m'a dit mon pote garagiste qui l'a essayée : "Cette bagnole, elle passe partout, c'est un vrai tracteur !" Ca donnera p'têt envie au Papy de v'nir nous woir et de monter d'dans, te peux êt' sûr. Quant aux autres, sachez donc que maintenant, on a de quoi vous transporter, et que donc, y faut pas hésiter à venir, ça sera marrant d'aller faire les kékés dans la brousse... Vous viendez quand vous voulez...

ben, les premiers ce sera peut être papa maman et aussi Caro aux vacances de la Toussaint 2007, vu qu'y a une grande grande maison pour nous loger.